Grégo et moi, c’est une très longue et belle histoire…
Dans les années 30, il essuyait ses fonds de culottes sur les mêmes bancs que Marie Carmen, ma mère, à l’école communale de Chandolas.
Dans les années 60, je passais mes vacances d’adolescente avec ses filles : Dominique ( Moni Grégo, dramaturge, metteur en scène et actrice) et Marie Françoise, presque ma jumelle (10 jours de différence), qui est partie bien trop jeune, il y a plus de 20 ans…
Dans les années 80, ma passion pour l’Art et l’Art Singulier en particulier, nous a fait nous retrouver… et depuis ça a continué !
Et puis nous avons tous les deux une grand-mère corse : Maria Francesca pour Grégo et Zélinda pour moi et les mamés, ça crée des liens forts.
L’aventure avec le Bann’Art a commencé en 1998 avec une exposition personnelle au Roure « Les clins d’art de Grégogna » suivie de nombreuses autres collectives ou personnelles ainsi que de nombreux festivals.
En 2006, pour ses 80 ans, son œuvre « Aubade » a fait la couverture du catalogue et cette même année Anne Desanlis a réalisé un superbe film « Grégogna, l’anartiste » où l’on voit des images de Banne et du festival. Depuis, un CD a été édité par AAA productions, le hasard a beaucoup de talent… Ce fut le dernier festival où ma maman est venue et a retrouvé pour la dernière fois le copain d’enfance de ses 10 ans… Mais le lien n’a jamais été coupé…
En septembre 2010, nous avons mangé avec Grégo et sa famille à la Pointe Courte à Séte.
Il était déjà très fatigué. Chez Yves Ferry, nous avons chanté du Ferrat à s’en faire péter les cordes vocales…. Et j’ai eu tant d’émotion en l’écoutant chanter de sa voix grave « Que c’est beau la vie ! ».
Nos visites ont continuées, à l’hôpital, où avec Moni et Claude, je lui lisais des pages de sa monographie, avec en fond sonore des chansons de Ferrat, tout en dégustant des babas au rhum et des calissons d’Aix. Ça lui rappelait les bonbons qu’il achetait chez la Berthe à Chandolas et son regard se mettait à pétiller de gourmandise !
Les souvenirs de l’enfance nous accompagnent toute la vie…
Nous sommes à Essaouira, le 17 janvier 2011, il est 18h au Maroc, 19h en France.
Notre rituel est d’aller admirer les magnifiques couchers de soleil à la Scala. Je papote avec une française, elle me parle des rochers peints par un artiste belge dont j’ai oublié le nom. Bien sur nous les avions vus ces rochers en allant à Tafraoute, mais je lui dis qu’en France, Grégogna a fait mille fois mieux avec les rochers de la digue Sète-Frontignan…
Le lendemain je lis le SMS de Moni « Mon père René est mort paisiblement à 19h entouré de ses enfants ».
Au moment précis de son ultime escapade, j’ai pensé à lui et prononcé son nom… il n’y a pas de hasard… Il me plait de penser que pour son départ dans le pays des étoiles, il a entendu mon compliment ô combien mérité !
Le copain d’école de ma mère, le père de mes deux copines, le Méc-créant du Bann’Art s’en est allé… et avec lui, c’est encore un peu de ma vie qui s’en va…
Salut l’ami Grégo, salut l’anartiste mec créant Grégogna…
Ce 17 janvier 2021, le ciel a gagné une étoile…
mais la Grégoslavie a perdu son mâalem et les grégolos sont à jamais orphelins…
Marthe Crégut-Pellegrino
Fondatrice et organisatrice du Festival International Art Singulier- Art d’Aujourd’Hui Bann’Art.
À Grégo, à mes parents Jo et Marinette, à Lolette, à Marie-Françoise, à Adé et Ernest Horvath, à Henri Rouveyrol.
