Hommage à Albert Langlois (31 Octobre 1046 - 28 Novembre 2020)
C’est avec une immense peine que je viens d’apprendre le départ d’Albert Langlois pour son ultime voyage au pays des étoiles. Nous l’avions vu encore cet été, où lors d’une ballade en vélo avec Brigitte sur les routes ardéchoises, ils avaient fait une pause chez nous « À l’ombre bleue du cèdre » aux Avelas. Une dernière rencontre amicale, où nous avons papoté des choses de la vie, du confinement, de voyages … mais aussi bien sur d’art et de création.
Albert faisait partie de « La grande famille du Bann’Art » où depuis 2008, il a exposé de nombreuses fois à la Salle et la Grotte du Roure, au Centre d’Art Actuel et aux Écuries.
Après une carrière professionnelle d’architecte, il s’est consacré à sa passion, la sculpture.
« J’ai découvert les traces d’un peuple oublié, il ne vient pourtant pas de très loin, il vit tout simplement au fond de moi depuis toujours. Il s’est modifié et patiné au fil du temps, de mes petits arrangements avec la vie et j’ai exploré récemment l’un de ses campements, oublié dans un recoin de ma mémoire. Aussi, mes créations ne sont-elles que le résultat d’une campagne de fouilles archéologiques et personnelles où chaque objet se révèle être un témoin d’une civilisation incertaine et engloutie qui raconte une part de mon histoire et de mes rêves. »
On l’a souvent qualifié de sculpteur rêveur qui a toujours gardé une âme d’enfant.
En architecte ou éternel enfant, impossible d’occulter l’un au profit de l’autre.
« J’avance donc pas à pas dans un imaginaire que je voudrais débridé, mais en me heurtant aux murs de ma mémoire, et du coup, mon travail tient plutôt de l’alchimie : suite complexe de réactions et de transformations, comme dirait le bon vieux Larousse. Aussi chacune de mes pièces raconte une part de mon histoire, un morceau de vie, de joie, de folie, de peur aussi… Mais qu’importe, pourvu qu’il reste l’ivresse, celle d’illuminer la vie de milliers d’étoiles, de toucher du bout du doigt l’homme par la création. »
Je donne encore la parole à Albert pour parler de son travail.
« Métamorphose du créateur, de l’objet, du spectateur ? Pour moi la métamorphose n’est pas le simple fait de faire surgir, à partir d’un objet ou d’une vision donnée, une autre image. Je crois aux sentiments qui s’installent dans l’œuvre, qui donne vie à une autre beauté qui sait parler d’ordre et de liberté, d’abandon et de retenue, de solitude et d’amitié, de complexité et de simplicité, de tout un monde fait de choses contradictoires enfouies en soi et que l’œuvre permet simplement de révéler. C’est en tout cas ce rêve qui m’anime et qui donne vie, je l’espère, à chaque pièce que je crée. »
J’ai la chance de lui avoir acheté deux sculptures, en particulier son « Taureau à roulettes » que je croise tous les jours à l’entrée de notre maison, ainsi Albert fait toujours partie de notre quotidien… Son œuvre le perpétue, rare privilège des artistes.
Adieu l’artiste, continue à illuminer le ciel de tes milliers d’étoiles.
Marthe Crégut-Pellegrino
« Le monde de l’art n’est pas celui de l’immortalité, c’est celui de la métamorphose. »
André MALRAUX