La famille des Singuliers est triste et orpheline.
Ce 18 janvier 2019, Denis nous a fait son ultime « couillonnade » !
Bann’Art et Denis Bonnes, c’est une longue histoire qui a commencée en 2001.
Comme d’habitude, le jeudi de l’ascension, je me rendais à la foire aux croûtes d’Uzès et c’est sur son stand que je m’attardais. Ses totems colorés, humoristiques et jubilatoires m’ont tout de suite séduite. Mais évidement il n’était pas là, il devait s’en jeter un petit dans le bistrot du coin ! Après plusieurs passages, je rencontrais enfin l’artiste : un personnage tartarinesque et truculent, l’accent rocailleux, la moustache chaleureuse et la gouaille ravageuse. Ce jour là, je fis l’acquisition de mon premier totem et Denis entra dans la famille des Singuliers et du Bann’Art. Le 2e festival en juillet 2001 fut sa 1ére participation. Il a été le sympathique et extra-ordinaire acteur de 15 festivals, du symposium de 2008 et de diverses expositions dans ce village de caractère qu’il affectionnait particulièrement et où il nous en fait parfois « des vertes et des pas mûres » ! Que de bons moments de franche rigolade nous avons vécu avec Denis, avec tous ces souvenirs on pourrait en faire un livre ! Si pendant nos repas animés, il y avait un silence et que l’un d’entre nous disait « Un ange passe… », Denis criait « Qu’on l’en..le ! Et tout le monde était plié de rire, surtout ceux qui ne le connaissaient pas, car après c’était devenu un rituel…
Je cite Denis « Banne, village de caractère, comme celui de la bonne fée qui me l’a fait connaître… ma « découvreuse », celle qui a mis mon pied à l’étrier de son si fameux Festival, c’était Marthe Pellegrino, qui ne s’appelait pas encore Crégut… Son Festival m’a permis de découvrir la véritable fraternité qui règne dans ce monde des singuliers, l’émulation qui en découle, l’émerveillement devant le foisonnement des styles… Je continue d’évoluer dans ce si riche mouvement... avec les nombreux amis que je me suis fait en son sein. ».
Oh oui, Denis tu en avais des amis et tu nous laisses tous orphelins de ton amitié et un peu désemparés !
Denis Bonnes est (impossible pour moi d’écrire était) un personnage à multiples facettes et haut en couleurs. Il a baigné dans l’univers de la musique de rue (il jouait du trombone à coulisses dans de nombreuses fanfares) et du théâtre (pour l’avoir vu dans son rôle de Jean Jaurès, je peux vous assurer que ses talents de comédien sont indéniables et surprenants…). Quand au plasticien, si ses totems ont fait sa renommée, ses acryliques, ses pastels, ses panneaux, ses robots et tout autres créations singulières sont fort intéressants. J’affectionne particulièrement les portraits de la série « Sous-France ».
Ce drôle de plaisantin, cet épicurien iconoclaste, cet enjoliveur de la vie qu’il a mordu à pleines dents jusqu’à son dernier souffle, a le don de la fête, de la convivialité et de l’amitié. Si vous faites partie des chanceux qui l’ont entendu déclamer les versets du Nouveau Testament, version occitane, vous n’êtes pas prêts d’oublier l’immense don du bonhomme pour la franche rigolade ! Avec Denis, c’est toujours Bonn’Art !!
Je cite Jean Claude Caire : « Mais il ne faudrait pas oublier que Denis Bonnes a déjà marqué de son empreinte l’histoire de l’art contemporain : ne le reconnaît-on pas comme le fondateur du Pin’Art ? »
En 2009, je lui avais fait une monographie « Denis Bonnes, artiste rabelaisien. Sous les auspices de Bonnes… » dans laquelle on peut encore apprécier un autre don de l’artiste pour l’écriture dans ses commentaires truculents et humoristiques qui présentent ses nombreux personnages-robots. Il me revient à l’esprit le moment où je lui avais apporté ses livres, à Villeneuve lez Maguelonne, lors d’un festival de Moss et Christine. Après l’avoir feuilleté, il a prétexté un besoin urgent… En fait, m’avait dit Dominique, c’était pour essuyer les larmes qui commençaient à monter… Denis est un grand sentimental !
Pour conclure je citerais en guise d’épitaphe, l’acrostiche qu’il avait écrit pour sa monographie.
Différent, je suis
Electron libre, un peu…
Nœud-nœud !
Ivrogne, inclassable, en un mot :
Singulier !
Banne, village d’art
Occitane cité
Ne manque pas d’attrait
Ni de caractère
Et son festival, reste sur terre
Sans égal !
(Moralité : Merci Marthe !)
Alors un grand MERCI à toi Denis, nous pensons toujours à toi avec le sourire et la bonne humeur, inexorablement !
Tes œuvres te perpétuent, rare privilège des artistes.
Ta monographie reste une trace de ta foisonnante création.
Et puis chez les Crégut, comme chez de nombreuses personnes, on te côtoie tous les jours à travers tes œuvres, que l’on verra certainement avec un regard différent, avec cette immense nostalgie de ne plus jamais entendre ta voix inoubliable !
Denis tu vas beaucoup manquer à la famille des Singuliers, tu vas beaucoup nous manquer ! On t’aime !